Stèles et bas-reliefs bouddhiques de l’Himalaya indien : 2013-2024
Le Ladakh se distingue des autres régions himalayennes par sa longue tradition d’art rupestre. Au sein de celle-ci, on trouve des stèles et des bas-reliefs bouddhiques dont l’existence fut mentionnée par les premiers voyageurs occidentaux à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle. Bien que la statuaire lapidaire constitue sans aucun doute l’une des principales sources pour la compréhension du Bouddhisme au Ladakh, tant au niveau historique que religieux, jusqu’à récemment cet héritage n’a fait l’objet que de peu de recherches. Tout comme pour les pétroglyphes, les recherches accessibles se résument le plus souvent à de simples listes de stèles et bas-reliefs dont la documentation consiste en des photographies avec peu de contexte, de relevés ou de prises de notes. Les coordonnées géographiques ainsi que les dimensions de ces stèles et reliefs sont parfois publiées.
À ce jour, le travail le plus abouti sur ce sujet est la thèse de Phuntsog Dorjay soutenue en 2006 à l’Université de Jammu (Development of Buddhist Art in Ladakh from 800 to 1200 A.D.). Plus récemment, l’inventaire de sites culturels du Ladakh effectué par le NIRLAC (Namgyal Institute for Research on Ladakhi Art and Culture, Leh) recense des reliefs et stèles jusqu’alors inconnus du public (Legacy of a Mountain People, Inventory of Cultural Resources of Ladakh, NIRLAC, 2008, 4 volumes). L’inventaire archéologique du Ladakh mis en ligne en 2023 recense quant à lui 270 reliefs bouddhiques mais au contexte non harmonisé et surtout sans différenciation d’époque ni de facture.
Depuis 2003, Martin Vernier a entrepris un inventaire des bas-reliefs et stèles bouddhiques du Ladakh. Après vingt ans d’accumulation de documentation visuelle, ce corpus a été harmonisé et standardisé en 2023 pour ne retenir que les représentations de figures anthropomorphes assimilables au panthéon bouddhique et prédatant l’établissement d’une iconographie standardisée selon le canon tibétain, soit avant le 14e siècle de notre ère.
Une fois ces critères de sélection appliqués, le nombre de reliefs avoisine les 250 répartis sur l’ensemble du Ladakh et des régions limitrophes du Spiti, du Haut Lahaul et du Haut Kinnaur. Cette couverture géographique suit l’expansion de l’aire d’investigation de la MAFHI pour l’étude de l’art rupestre.
L’établissement d’un vocabulaire contrôlé et la réalisation systématique de dessins au trait pour chaque surface gravée et chaque figure représentée fait également partie des objectifs du projet afin de pouvoir proposer un corpus standardisé.
L’ensemble de ces données est désormais composé de données spatiales, visuelles et descriptives organisées sur le même modèle que celui du projet HiRADa, et tout comme le projet dédié à l’art rupestre, il applique les principes FAIR (Facile à trouver, Accessible, Interopérable, Réutilisable) afin de:
- rendre accessible à l’ensemble de la communauté scientifique les données afin d’en permettre une étude pluridisciplinaire;
- proposer aux autres chercheurs un lieu de dépôt éventuel et idéalement collaboratif;
- favoriser la protection de cet héritage.
En effet, si dans certaines parties de l’Himalaya occidental, c’est le cas au Ladakh, on constate un regain de dévotion pour les stèles bouddhiques (relocalisation de certaines, mise sous abri avec parfois base cimentée) dans d’autres régions ces vestiges sont, dans le meilleur des cas, à l’abandon mais souvent objet de détérioration ou de démolition.